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vent d’ailleurs ils meurent d’un accès de fièvre.

On conçoit que là où règne une pareille maladie la culture soit à peu près impossible, et l’on voit d’ici les conséquences que cela peut avoir sur l’état social ; des auteurs anglais ont été jusqu’à attribuer à la malaria la décadence de la Grèce et de Rome. Sans nous attarder plus longtemps sur cette question que nous étudierons plus tard en détail à propos de la colonisation de la Campagne romaine, remarquons que, si le latifundium, en supprimant la culture, a favorisé le développement de la malaria, la malaria à son tour, en rendant la culture impossible, a contribué à maintenir le latifundium. Malaria et latifundium sont deux alliés. Jusqu’ici leur alliance les a rendu invincibles. Nous verrons au cours de cette étude que l’une est déjà vaincue et que l’autre est fortement menacé.

En résumé, si l’expansion militaire de Rome a été la cause occasionnelle du développement du latifundium, celui-ci a été favorisé et conservé par les conditions naturelles du lieu, par le pâturage et la malaria.

Voici donc deux faits : la question agraire et le latifundium dont nous constatons la coexistence dans la même région depuis des siècles. Sommes-nous en droit de dire que celui-ci est cause de celle-là ? Pas encore. Pour pouvoir formuler légitimement une pareille conclusion, nous devons analyser minutieusement les caractères du latifundium et déterminer aussi rigoureusement que possible les conséquences qu’il peut avoir sur toute l’organisation sociale du pays.