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pays est parsemé de villages peuplés. Nous savons aussi que les habitants y vivent en grande partie des usages publics grevant les terres des grands domaines. L’incertitude et le démembrement du droit de propriété qui en sont une conséquence paraissent poser un obstacle très sérieux, sinon insurmontable, à la colonisation par des agriculteurs étrangers. Comme je demandais à un fermier lombard de la Campagne romaine s’il existait des usi civici sur son domaine : « Heureusement non, me répondit-il ; s’il y en avait eu, je ne l’aurais pas affermé, car avec les usi civici on n’est pas maître chez soi et il n’y a pas de culture possible. » On comprend très bien que des étrangers n’aillent pas au-devant de difficultés épineuses, souvent imprévues, qu’ils comprennent mal, car elles dérivent d’un état social qui n’est pas le leur, et qu’ils ne veuillent pas entamer avec la population des luttes qui ménagent d’étranges surprises et qui tourneraient souvent à leur détriment à cause de leur inexpérience du pays, ce qui compromettrait irrémédiablement leur entreprise agricole.

La région peuplée de la province de Rome, qui semble de prime abord se trouver dans des conditions plus favorables que l’Agro romano, est donc en réalité dans une situation désavantageuse, puisque la présence d’une population stable soulève un problème que ne se soucie pas d’aborder l’élément colonisateur de la Campagne romaine.

La question agraire restera-t-elle donc insoluble pour le Viterbois ? Il est bien probable que,