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lieu. Par sa constitution géologique, la partie de la province de Rome, qui s’étend du lac de Bolsena jusqu’à Terracine, est très riche en eaux souterraines peu profondes qui entretiennent dans le sol une humidité favorable à la croissance de l’herbe et qui donnent naissance à un grand nombre de petites sources. Au printemps, il tombe des pluies abondantes qui prolongent la végétation assez avant dans l’été, et, en octobre, de nouvelles pluies font reverdir les prairies qui, en raison de la douceur du climat, n’ont pas à redouter la gelée. Ce pays est donc très favorable au pâturage et en particulier au pâturage d’hiver, ce qui supprime la difficulté de l’hivernage. Ici, la nécessité de nourrir les animaux à l’étable pendant la mauvaise saison ne vient pas contraindre le pasteur à faire de la culture, ni même à récolter et à emmagasiner des fourrages. Quant à la sécheresse de l'été, il y échappe par la transhumance dans les Apennins.

C’est un fait bien connu que, chez les Romains, le bétail avait une grande importance. Les auteurs latins qui ont écrit sur l’agriculture indiquent toujours le bétail comme une des branches de l’économie rurale qui donne le plus de profits. Les patriciens possédaient d’immenses troupeaux ; il n’est pas étonnant qu’ils se soient enrichis chaque jour davantage, et qu’ils aient pu constituer peu à peu les grands domaines latifundistes[1].

  1. De nos jours, l’art pastoral est une source d’enrichissement et un moyen d’ascension. La plupart des fortunes de la bourgeoisie romaine actuelle ont une origine pastorale.