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pour la culture ; on dépensa 150 000 francs pour la construction d’un bagne qui sert aujourd’hui de magasin, car la malaria qui décimait forçats et gardiens, comme elle décimait les moines, obligea à renoncer à ce système. Aujourd’hui, avec les progrès de la culture, la malaria a disparu : seuls quelques ouvriers adventices sont parfois atteints, mais peu gravement[1].

Le domaine compte 475 hectares dont la moitié est en culture intensive ; le reste est boisé ou en pâturage loué. Il y a 20 hectares de vignes et 30 hectares de tabac[2]. Après la récolte du tabac on loue pour 300 francs l’hectare, de septembre à mars de terrain à des jardiniers qui y cultivent des navets. Cette culture ne peut se faire naturellement que dans les fonds fertiles et bien fumés. On loue de même des terrains pour la culture des artichauts, des melons et d’autres légumes. On fait beaucoup de luzerne, car la vacherie compte 130 vaches suisses[3] dont le lait (1 000 litres par jour) est vendu aux communautés religieuses de Rome. Peut-être la culture pourrait-elle être étendue davantage, mais elle est aussi intensive que possible : elle est caractérisée par les productions maraîchère et laitière, ce qui

  1. En 1785, Mgr  Cacherano avait déjà proposé d’installer dans la Campagne romaine des condamnés « non pour crimes infamants, vols et autres délits atroces, mais pour blessures, meurtres en rixe, ou pour cause de passion ou d’honneur, contrebande, viol, séduction, etc. ceux qui ont fui leurs créanciers ».
  2. On estime que la culture du tabac rapporte net 600 francs l’hectare.
  3. Rendues aux Trois-Fontaines, elles reviennent en moyenne à 900 francs l’une.