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L’épidémie n’a pas tous les ans la même gravité. D’après les statistiques des hôpitaux civils et militaires de Rome, on peut noter depuis 1850, un cycle épidémique périodique avec des oscillations régulières tous les cinq ou six ans ; on a aussi pu enregistrer une recrudescence de la malaria de 1872 à 1881 ; le maximum a été atteint en 1879 avec 23 000 malariques soignés dans les hôpitaux de Rome au lieu de 7 000 en 1871 et 7 300 en 1882[1].

Il semble bien que la malaria existait dans l’antiquité. D'après ce que disent certains auteurs grecs, Hippocrate en particulier, on peut inférer qu’il existait alors des fièvres tierces et quartes avec hypertrophie de la rate[2].

De bonne heure on a connu à Rome le culte de la déesse de la Fièvre à laquelle le mois de février fut consacré. Cependant, aux premiers temps de Rome, la campagne était probablement plus peuplée qu’elle ne l’est aujourd’hui, à en juger par les vestiges des villes étrusques et latines (Fidènes, Ardea). On trouve à Rome même et dans la Campagne et jusque dans les Marais Pontins des canaux souterrains servant à l’assainissement (cunicoli) ; les archéologues estiment que ces travaux sont antérieurs à l’époque romaine. Les plus an-

  1. Les premières statistiques relatives à la malaria dans les hôpitaux de Rome ont été recueillies par deux médecins militaires français du corps d’occupation, le Dr  Balley, Endémo-épidémie et météorologie de Rome (Paris, 1867), et le Dr  Léon Colin, Traité des fièvres intermittentes (Paris, 1870).
  2. En 1905, en Grèce, on estime que, sur deux millions et demi d’habitants, il y en eut un million atteint de malaria, et que six mille moururent.