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échoué et n’ont pas réussi à transformer la Campagne romaine, c’est que les pouvoirs publics n’ont pas compris quel était leur rôle en pareille matière et qu’ils ont cherché à engager les propriétaires dans une entreprise contraire aux conditions économiques du lieu et de l’époque. L’Agro romano n’a pas encore été mis en culture intensive parce que les propriétaires n’avaient aucun intérêt à cette transformation[1].

La plupart des propriétaires sont de riches latifundistes auxquels leurs immenses possessions fournissent des revenus suffisants pour subvenir aux besoins de leur vie élégante et mondaine. Ils ne sentent pas le besoin d’augmenter leurs revenus. Leur existence urbaine les rend étrangers à l’agriculture. Ni la nécessité ni leur goût ne les poussent donc à entreprendre des améliorations agricoles. Quant à ceux qui, moins riches ou obérés, souhaiteraient augmenter leurs revenus en transformant leurs domaines, ils sont arrêtés par le manque de capitaux et l’impossibilité de s’en procurer.

Il ne faut pas oublier en effet, que la bonification est une opération coûteuse. Il s’agit de construire des bâtiments et des chemins, de creuser des fossés et d’aménager les eaux, d’établir des clôtures, de constituer un cheptel, d’exécuter des défoncements et des travaux d’irrigation, de faire des plantations, sans compter les dépenses ordinaires d’une culture rationnelle. Or, Rome

  1. Cf. Ghino Valenti, La Campagna romana e il suo avvenire economico e sociale (Giornale degli Econoniisti, vol. VI, 1893).