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d’anarchistes ; mais il ignore la discipline volontaire et n’a ni l’esprit d’organisation, ni le sens de la responsabilité. Il ne sait pas résoudre par l’initiative personnelle et l’association libre les difficultés de la vie ; par indolence ou incapacité il recourt sans cesse à la communauté et sollicite l’intervention de l’État pour régler par voie d’autorité même les affaires privées. Or ces interventions sont inefficaces et nuisibles, nous aurons occasion de le constater.

L’observation des sociétés et l’étude des lois sociales démontrent, en effet, que chaque organe social a sa fonction propre et que, non seulement il ne peut pas suppléer l’organe voisin, mais encore qu’il n’en saurait sans dommage usurper la fonction. Les pouvoirs publics ne font pas exception à cette règle : ils ont à remplir certaines fonctions bien déterminées correspondant à certains besoins de la vie collective. Ces besoins varient évidemment suivant les temps et les lieux, aussi le rôle des pouvoirs publics peut-il varier dans certaines limites. Mais que la commune, la province ou l'État franchissent ces limites ou manquent à leur fonction propre, il y a malaise.

Ainsi, par exemple, c’est bien aux pouvoirs publics à constater le droit de propriété et à le protéger en vue de maintenir l’ordre, mais ils ne sauraient en aucune façon régler arbitrairement la forme et le régime de la propriété qui sont conditionnés par le mode de travail. Nous en trouverons un exemple bien net dans la province de Home où la propriété privée existe en droit et n’existe pas en fait parce que le sol est soumis au