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« Pourquoi vivre tristement dans l’oisiveté et la misère quand d’immenses étendues de terres, patrimoine d’une seule famille inconnue des paysans, sollicitent au travail et quand le peuple a sur ces terres des droits indiscutables ? Pourquoi rester transis de froid quand il y a à proximité des bois sur lesquels la coutume et la loi font peser des servitudes publiques irréfutables ?…

« Je dois observer que la résurrection économique et morale de certains pays qui jouissent des bénéfices de l’invasion a été admirable. Les habitants commencent à jouir d’un peu de bienêtre, ils trouvent le nécessaire pour vivre, la vie apparaît plus gaie, l’émigration cesse. Mais, d’un autre côté, c’est au dépens de l’agriculture : le propriétaire ne se soucie plus de ses terres, désormais à la merci de tous ; de magnifiques tentatives d’amélioration courent de graves périls.

« En attendant, des avocats de métier cherchent à tirer profit du conflit actuel ; ils sont prêts à raviver les contestations ; fermiers et administrateurs font obstacle de toute manière à une conciliation entre les parties, car ce serait leur ruine[1]

Je pourrais multiplier les exemples de ce genre : à Formello, une certaine année, la commune s’est arrogé le droit de vendre les coupes dans les bois du prince Chigi sur lesquels existe une servitude d’affouage au profit des habitants. Les troubles agraires se sont aujourd’hui généralisés, grâce à la propagande du parti socialiste et à l’organisation des Ligues de paysans qui est

  1. Giornale d’Italia, 31 janvier 1909.