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payer les redevances comme leurs compagnons étrangers et même mieux qu’eux ; donc qu’il les laisse travailler, et il aura bien mérité de cette laborieuse population !

« Si, au contraire, il veut les contraindre à sortir des terres envahies pour faire travailler celles-ci par des habitants de Capranica, il pourra arriver de grands malheurs, parce que les gens de Bassano sont bien décidés à ne pas permettre que le sol de leur territoire soit travaillé par d’autres. »

Le lendemain, le même journal donnait la nouvelle suivante : « Il faut ajouter qu’un autre motif de l’invasion a été le fait que, dans la répartition faite par l’administration Odescalchi par tirage au sort, n’étaient pas comprises toutes les familles dépendant de la maison Odescalchi : les gardes, les jardiniers, le chapelain et jusqu’au curé reçurent un lot de terres meilleur et plus étendu que celui concédé à chaque paysan.

« On dit que le prince reconnaîtra le fait accompli et qu’il donne-ra la permission de semer le maïs, moyennant une juste redevance. »

J’ai reproduit ce récit parce qu’il est typique : la force armée spectatrice et d’ailleurs impuissante ; occupation et répartition des terres par des paysans pacifiques s’ils ne trouvent pas d’opposition, mais résolus à tout s’ils rencontrent un obstacle ; des terres de qualité médiocre assignées aux paysans usagers ou prétendus tels ; hostilité et exclusivisme à l’égard des étrangers même voisins, ce qui est une marque d’esprit communautaire non moins que la passion de l’égalité et la jalousie à l’égard des frères du village ; enfin le propriétaire