Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Le fait en lui-même ne représente qu’une invasion à ajouter à tant d’autres qui ont eu lieu, ou qui auront lieu, pour la revendication des droits des pauvres paysans de la province de Rome. Mais à Bassano il y a plus que l’exercice d’un droit. C’est l’amour-propre offensé des paysans qui les a, en un instant, unis et convaincus que désormais, pour obtenir ce qui est juste, il faut recourir aux invasions.

« L’invasion devait avoir lieu en janvier dernier, mais ces pauvres paysans en furent dissuadés et on leur promit que le prince Odescalchi leur donnerait de la terre pour le maïs. En effet, la terre a été concédée et régulièrement divisée ; mais quelle terre ! la plus mauvaise, la plus stérile, celle en un mot qui produit de tout sauf du maïs !

« Ajoutez à cela que, pendant que ces pauvres paysans allaient prendre possession de cette mauvaise terre, dans le terroir voisin de Ponticciano. quelques habitants de Capranica se partageaient des terres très fertiles, concédées à eux par le fermier, et chansonnaient même les habitants de Bassano parce que Ponticciano fait partie du territoire de Bassano.

« Alors la patience des pauvres paysans de Bassano est venue à bout et, en une seule soirée, ils se sont mis d’accord environ cinq cents qui, au son retentissant d’une bêche, se sont trouvés prêts pour l’invasion.

« Maintenant que l’invasion a eu lieu, que le prince Odescalchi reconnaisse donc le fait accompli et ne se laisse pas entraîner à intenter un procès ! En fin de compte, les paysans veulent