Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est le parti socialiste qui a pris la défense des paysans en conflit avec leurs patrons naturels. Ce sont les légistes socialistes qui ont étudié les usages publics avec d’autant plus d’enthousiasme qu’ils croient y trouver un vestige du collectivisme primitif et qu’ils y voient le germe du collectivisme futur ; ce sont eux qui ont exhumé les vieilles chartes, dénoncé les usurpations et procuré aux paysans des armes pour défendre leurs droits et les faire triompher ; ce sont les orateurs socialistes qui ont parcouru les campagnes, agitant les populations en leur parlant du droit à l’existence, en leur montrant des terres incultes qui n’attendent que la bêche pour donner de belles récoltes, en leur démontrant qu’elles ont le droit de cultiver ces terres et en les exhortant à les envahir et à les défricher si on leur dénie ce droit. Ces exhortations n’ont pas tardé à porter leurs fruits et à convaincre les paysans misérables et affamés ; c’est sous leur influence que le conflit est devenu aigu depuis une dizaine d’années et que des troubles se renouvellent périodiquement parfois accompagnés de meurtres.

Voici ce qu’on peut lire dans le Messaggero du 23 mars 1909 : « Avec le plus grand calme, accompagnés ou mieux gardés par deux carabiniers, environ cinq cents paysans de Bassano di Sutri (au Nord du lac de Bracciano) se sont rendus avant-hier en masse compacte dans le terroir dénommé Ponticciano appartenant au prince Odescalchi, se sont pacifiquement partagé les terres et ont commencé immédiatement à les travailler pour y semer du maïs.