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du clan, de la cité ou de l'État[1]. L’individu est comme noyé dans le groupe, dans la communauté : il doit se plier à sa discipline, toute passive d’ailleurs, mais il attend d’elle protection, secours et assistance dans toutes les circonstances de la vie. Le communautaire est donc doué de résignation et de passivité, mais il manque d’énergie et d’initiative. Il redoute l’effort intense et prolongé et ne se plie à un travail pénible que sous l’empire d’une contrainte extérieure. Il est égalitaire et exclusif : tous les membres de la communauté ont les mêmes droits, mais hors de la communauté point de salut. Le trait dominant de son caractère est peut-être le manque de prévoyance : il n’a pas cette énergie morale qui fait donner un long effort en vue d’un résultat lointain ; la communauté ne doit-elle pas subvenir à tous ses besoins ? Il s’en suit que son agriculture est arriérée et superficielle, ses méthodes de travail simplistes et routinières. Insouciant du lendemain, il ignore l’épargne persévérante et par suite n’arrive pas à constituer la richesse ; dépourvu d’initiative et d’énergie, il est la victime désignée des exploiteurs si l’appui de sa communauté vient à lui manquer. Habituellement comprimé dans son groupe, il peut devenir un révolté si la contrainte extérieure se relâche : c’est pourquoi les peuples communautaires sont souvent si difficiles à gouverner et sont parfois des pépinières

  1. Cf. Edmond Demolins, Comment la route crée le type social. Firmin-Didot. On trouvera dans cet ouvrage la description des principaux types sociaux et l’explication de leurs caractères distinctifs.