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Ce qu’il importe de retenir c’est l’usage du pâturage existant sur les terres du propriétaire au profit des habitants. Cette servitude ne s’explique que par l’exploitation très extensive du sol, et elle a d’ailleurs pour conséquence d’interdire tout progrès agricole, car le propriétaire ne pourrait pas changer son mode de culture rudimentaire sans restreindre le droit de pâturage des habitants. Remarquons d’ailleurs que, dans ces conditions, le pâturage de jachère est assez maigre.

Comment se fait donc la culture des céréales ? Jadis le propriétaire ou son fermier distribuait les terres à cultiver entre tous les habitants qui en faisaient la demande ; pour éviter les discussions, on procédait souvent au tirage au sort pour assigner à chacun sa part. Les colons payaient une redevance de un rubbio et demi (325 kilogrammes) par rubbio de terrain (lha,84) pour le maggese (culture sur jachère), et un rubbio (217 kilogrammes) seulement pour le colto (culture de deuxième année). En somme, jusqu’en 1905, la culture se faisait par contrats individuels écrits ou tacites. En 1903, sous l’influence des socialistes, les paysans prétendirent avoir le droit de cultiver les terres sans contrat et en ne payant plus qu’un rubbio ; ils basent leur prétention sur l’usage immémorial, mais on leur répond que l’usage est aussi de payer un rubbio et demi pour le maggese. Depuis lors, chaque année, ils envahissent les terres et se les partagent pour la culture ; chaque année un notaire dresse un procès-verbal de l’invasion et rédige une protestation. En 1909, la commission d’arbitrage pour les usages publics,