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romaine et alors à quoi bon des routes, des écoles, des églises, des médecins. Ceci n’est pas une • pure hypothèse puisque nous savons que le pâturage tend à devenir exclusif et que nous avons pu constater sur certains domaines une dépopulation presque totale par suite de l’abandon de la culture. Jusqu’ici on s’est peu occupé des émigrants temporaires, de ces étrangers qui ne sont pas de la commune, qui changent de résidence presque chaque année, et on les a laissés dépourvus de tout- ce que la civilisation met aujourd’hui à la portée des hommes. Il faut bien reconnaître que les latifundistes ont ici gravement manqué à leurs devoirs de patrons, et c’est ce qui les fait considérer par certains, comme des obstacles absolus au progrès et au bon ordre social, obstacles qu’il faut supprimer de gré ou de force.

Par lui-même le latifundium n’engendre pas l’anarchie. On le rencontre dans l’Allemagne orientale et les services publics fonctionnent normalement, mais là le patron ne se dérobe pas à ses charges : il existe des biens qui constituent à eux seuls des communes fermées dont les propriétaires possédant tout le sol sont revêtus de l’autorité publique communale, mais doivent subvenir à tous les services publics communaux : voirie, enseignement, culte, etc.. C’est l’ancien système féodal, c’est le fonctionnement normal du régime latifundiste, qui est le régime du grand patron patriarcal. Les latifundistes romains ne conçoivent pas leur rôle de la même façon ; ils n’ont aucune idée de leurs devoirs de grands propriétaires ruraux, et du fait qu’ils ne remplissent