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naîtra là aussi les fâcheux effets du latifundium et de la malaria.

Faute de population permanente et dense, il n’y a pas de clergé stable dans l’Agro romane. On y compte à peine quelques paroisses dont la juridiction ne dépasse pas les limites du domaine sur lequel elles se trouvent[1]. Presque tout le reste du territoire est réparti, au point de vue ecclésiastique, entre certaines paroisses de Rome ou des diocèses environnants : Tivoli, Frascati, Albano, etc… La juridiction du curé de Saint-Laurent-hors-les-Murs, par exemple, s’étend jusque près de Bagni, à vingt kilomètres de son église ; ce cas n’est pas isolé. Il en résulte qu’au point de vue religieux, l’Agro romano est dans l’abandon. Pour y remédier, Pie IX avait chargé un hospice de vieux prêtres d’organiser le service du culte aux environs de Rome ; mais c’est seulement en 1897 que quelques prêtres zélés aidés de laïcs dévoués ont organisé le service religieux dans la Campagne romaine d’une façon effective. Chaque dimanche 43 prêtres vont dire la messe dans les chapelles qui existent sur beaucoup de domaines : l’une d’elles est à 53 kilomètres de Rome. Comme les chemins de fer ne mènent pas partout, la plupart des prêtres vont en voiture ou à cheval ; le directeur de l’œuvre que j’ai accompagné un jour fait 23 kilomètres en cabriolet avant d’arriver à la

  1. Castel di Guido, par exemple, est une des douze paroisses de l’évêché suburbicaire de Porto. Le territoire de cette paroisse se confond avec celui du domaine qui appartient à l’hôpital du Saint-Esprit ; sa population stable ne s’élève peut-être pas à vingt personnes.