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La Guerre. Fresque d’Edouard Beiidemami.

INTRODUCTION


Si le Canada produit jamais un poète épique, et si ce poète écrit une épopée nationale, c’est Québec qui en sera le théâtre ; et ce théâtre idéal, déjà sacré par le sang des héros, le sera de nouveau par le génie de la poésie.

Il semble que l’œuvre soit facile, et qu’elle est déjà largement ébauchée dans notre histoire, semble-t-il pas aisé, en effet, de transformer en demi-dieux les géants de nos guerres ? Est-il besoin de les inventer, comme Homère et Virgile ont dû le faire dans leurs œuvres immortelles ? — Non, certes, et notre poète national trouvera leurs noms et leurs exploits épiques consignés dans nos archives, inscrits sur la pierre de nos monuments et de nos édifices, et profondément gravés dans le cœur du peuple.

L’élément merveilleux ou surnaturel ne lui manquera pas non plus, et il pourra facilement retracer dans son poème le rôle de la Divinité. Dans aucune histoire peut-être, sur nul autre rivage, le doigt de Dieu n’a été plus visible ; et l’incomparable beauté de la nature sur ce sol béni de Québec, où se sont décidées nos destinées, y rend Dieu plus présent qu’ailleurs. Québec est le résumé de l’épopée nationale des Canadiens-Français.

O Québec ! que de grands et touchants souvenirs éveille ton nom seul ! Que de rayons de gloire composent le nimbe lumineux qui couronne ton front ! Que d’ombres chères planent autour de toi et se dessinent avec des proportions grandioses dans les mirages de ton passé, sans que l’esprit fasse aucun effort pour les évoquer.