Page:Routhier - Portraits et Pastels Littéraires (sous le pseudonyme Jean Piquefort), 1873.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 26 — gueur démesurée, et qtte son habileté extra- ordinaire à conduire un canot lui avait fait donner H surnom de Canotier. Et, plus loin, dans la même légende, il répé¬ tera sans paraître s’en apercevoir : que la nature avait doué son héros d'une force musculaire exceptionnelle et avait dévelop¬ pé ses deux longs bras d'une manière déme- surée, et que son habileté à conduire un canot lui avait valu le surnom de canotier. Je pourrais multiplier les citations. Mais il me semble qu’il y en a assez pour démontrer en quoi le style des Légendes est défectueux. Ce qui lui manque sur¬ tout, c’est la simplicité, la précision, lé naturel et le goût. A chaque ligne on sent le travail, et un travail pénible. C’est forcé, exagéré, hérissé de chevilles, chargé d’enluminurés, Chez un prêtre, surtout, on s’attend à; plus de sobriété dans le style, à moins de caquet et à moins de passion pour la métaphore. Malgré ces défauts, il y a dans les Lé- gendes de bien belles pages, toutes ci set lées avec un art infini, et ce serait un beau livre s’il était réduit de moitié. Si j’avaL le goût excessif de leur auteur pour la métaphore, je résumerais mon jugement sur les Légendes en les appe¬ lantes dentelles de sons et des spirales de mots sonores.