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acte premier

MONTCALM

C’est une raison de plus qui me fait désespérer de la situation. La philosophie de l’histoire nous enseigne que la ruine d’une nation a généralement trois causes qui sont toujours les mêmes : Un conflit extérieur, des conflits intérieurs, et la corruption des mœurs. Or, les trois causes existent dans cette colonie.

La guerre extérieure est terrible et acharnée. Elle a pris les proportions d’un duel à mort.

L’autorité intérieure est divisée de façon à la rendre impuissante dans les conflits qui surgissent entre les chefs, et entre les deux races.

Et enfin la soif des plaisirs engendre la corruption des mœurs, et la dilapidation du trésor public.

Les Verrès et les Marius étaient des honnêtes gens comparés à Bigot et à ses amis. Quand à l’heure où il leur faut lutter pour l’existence, les nations se livrent aux plaisirs et à la corruption, et sont en même temps déchirées par des querelles intestines, c’est qu’elles sont condamnées à mourir.

Ne consultons pas les entrailles des victimes, comme les Grecs et les Romains, consultons nos propres entrailles ; interrogeons nos cœurs et ils nous diront qu’en face de l’ennemi il ne faut plus