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acte premier

En chemise, tête nue, le visage enflammé, il galopait sur son grand cheval noir, à gauche, à droite, au centre, indiquant de son épée qui flamboyait au soleil tous les mouvements à faire et les points faibles à défendre.

Desandrouins et moi, nous transmettions ses ordres — mais Desandrouins faisait plus de besogne que moi, il transmettait aussi aux soldats toutes sortes de faux rapports pour les encourager. J’espère que le ciel le récompensera pour tous les mensonges patriotiques qu’il a semés dans ses courses.

Allons Desandrouins, conte-leur donc ça un peu.

DESANDROUINS

Je ne m’en souviens plus, raconte-le toi-même.

LAROCHEBEAUCOUR

Eh ! bien, voici : À droite, il exagérait les succès de la gauche, et à gauche, les succès de la droite. Sa voix de stentor criait : — Courage, camarades, il y a là-bas près de nos retranchements quinze cents Écossais le ventre en l’air. L’aile droite de l’ennemi est enfoncée par Bourlamaque. Le centre est en déroute. Les tirailleurs anglais se cachent derrière les souches ; mais ils sont trop grands, et les souches sont trop courtes pour sauver leurs têtes !