Soit, nous vaincrons !
Vois-tu, mon ami, quand tu n’es pas là, je perds confiance en moi-même. Je ne me sens plus complet. Il me semble qu’il me manque un bras, mon bras droit.
Mais quand tu es à mes côtés, je ne doute plus de rien. Dans ce lointain pays, à mille lieues de la mère-patrie, sans communications pendant huit mois de l’année, la patrie, c’est toi, c’est moi, ce sont ces braves gens qui sont toujours prêts à mourir pour elle. Mais pour qu’elle soit bien vivante, il faut que nous vivions tous les deux ; si nous étions tués, ce serait la mort de la France en Amérique.
Ce n’est pas modeste, peut-être, mais c’est vrai.
En Europe, dans les guerres ordinaires, quand un général est tué, on le remplace par un autre, et tout est dit. Mais ici, dans cette lutte suprême que nous soutenons, la vieille France est incarnée en nous, et dans cette petite armée que nous commandons, notre défaite serait sa mort en Amérique.