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acte premier

notre marche en avant, pendant que l’ennemi s’avançait lui-même vers nous.

La fusillade éclata des deux côtés. Les rangs s’éclaircirent encore, et le centre de notre armée fléchit. Nous étions à portée de pistolet de l’ennemi, quand il s’élança contre nous dans une charge terrible à la baïonnette. Ce fut effrayant, et nos soldats furent pris de panique. Ah ! mes chers amis, je vous souhaite de ne jamais voir un pareil spectacle. Nos meilleures troupes frappées d’épouvante s’enfuyaient…

J’avais eu deux chevaux tués sous moi ; mais ils étaient nombreux les chevaux qui n’avaient plus de maîtres. Je sautai sur un troisième, et je rejoignis M. de Montcalm qui était accouru se jeter dans la fournaise. Nous nous mîmes en travers des fuyards, et nous fîmes tous nos efforts pour les rallier. Mais ils passaient à nos côtés, éperdus, sourds à nos appels.

Entraînés dans la débandade, nous avions remonté la pente des Buttes à Neveu, tout auprès du chemin Saint-Louis, lorsque M. de Montcalm fut frappé coup sur coup, d’un éclat d’obus et d’une balle.

J’appelai deux grenadiers pour le soutenir à cheval, et je pris les devants pour venir vous avertir, mon cher Arnoux, afin que vous puissiez être prêt à recevoir et à traiter notre illustre blessé.