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acte premier

DUMAS

Voyons, Montbeillard, raconte-nous cette bataille malheureuse !

MONTBEILLARD

C’est un récit lamentable à faire, mais il ne sera pas long. Voici : Mon régiment était rangé en travers du chemin Saint-Louis, près des buttes à Neveu, lorsque M. de Montcalm arriva de Beauport, au galop de son cheval. Il braqua sa lunette sur la ligne de bataille des Anglais, et se mit à parler aux officiers qui se groupèrent autour de lui : « C’est incroyable, dit-il, on dirait vraiment que toute l’armée anglaise est là, et qu’elle est déjà en ordre de bataille, mais ce n’est pag possible !

« Quel corps de garde commandait donc ce Vergor ? — Et le régiment de Guienne qui aurait dû dormir ici cette nuit ! O malheur ! Le sort en est jeté, il faut se battre, et malgré tout, il faut vaincre. Mais faut-il attaquer immédiatement ? Ou faut-il attendre que Bougainville arrive ? Depuis longtemps déjà les canons de Samos l’ont averti. Il doit être en marche, et dans moins d’une demi-heure il tombera sur les derrières des Anglais, engagés en pleine bataille contre nous. Il y a encore beaucoup de mouvement parmi les troupes de Wolfe, et elles grossissent à vue d’œil.