serions curieux de savoir si ceux mêmes qui lui reprochent d’aimer trop la paix ne lui reprocheraient pas de l’avoir troublée.
Quoi qu’il en soit, le cardinal Taschereau a connu tous les mécontentements que soulèvent toujours les débats irritants, et il a fait la cruelle expérience de cette parole de saint Jean Chrysostôme : « L’évêque est exposé aux langues de tous. » Il a été ardemment critiqué, accusé, calomnié. À une certaine époque, qui n’est pas encore bien éloignée, ses adversaires ont même répandu le bruit qu’il appartenait à la franc-maçonnerie, et je me souviens d’avoir rencontré à Rome, en 1884, un journaliste catholique qui en paraissait convaincu.
Grâce à Dieu, personne n’est tenté aujourd’hui d’ajouter foi à cette sotte calomnie.
Il est permis à ses adversaires de croire que, dans certaines circonstances difficiles, notre éminent prélat a pu se tromper, humanum est errare ; et je suis moi-même de ceux qui ont cru que certaines luttes auraient pu être conduites autrement. Peut-être aussi aurait-il pu, avec plus de souplesse et d’attraction sympathique dans les rapports sociaux, aplanir certaines difficultés et prévenir des débats regrettables. Mais il ne saurait avoir toutes les qualités, et le tempérament n’est pas toujours un instrument docile de la volonté.
Dans tous les cas, nous sommes convaincu qu’il a toujours cru agir pour le plus grand bien de son Église, et que, dans tous ses combats, il n’a jamais connu d’autre mot d’ordre que celui-ci : « Pro Deo et patriâ ».
Ce mot d’ordre, il l’a, un jour, développé en citant les paroles du célèbre docteur Brownson, qui a dit : « Pro patriâ quia pro Deo, et pro Deo quia pro patriâ. » Toute sa carrière épiscopale a été le commentaire de ces belles paroles.
On ne saurait nier au cardinal Taschereau les plus remarquables qualités de l’esprit et du cœur. Son jugement est droit et apprécie toutes choses avec calme et modération. De persévérantes études, ont développé ses éminentes facultés et lui ont donné la science. Convaincu que l’évêque doit être la lumière de son église, il a toujours aimé les livres, et l’étude absorbe encore une large part de son temps.
À sa droiture d’intelligence vient s’ajouter un esprit de justice bien équilibré.
Il sait allier la charité au zèle apostolique, et, quand il se décide