Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

98
échos patriotiques

Et des bois de sapins, comme une écharpe sombre,
S’étendait sur sa rive, et projetaient dans l’ombre
Leurs étranges profils sur son front argenté.

Jamais vaisseaux partis d’une rive lointaine
N’étaient venus creuser dans leur course incertaine
Leur sillage profond dans ses flots ruisselants ;
Seuls des canots indiens en parcouraient l’espace,
Et de larges poissons venaient à sa surface
Réchauffer au soleil leurs dos étincelants.

Qu’il était beau de voir ses vagues magnifiques,
Quand le soleil couchant de ses rayons obliques
Diaprait leurs sommets d’un mirage doré !
Qu’il était beau de voir ce pays de merveilles,
Et que son nom sauvage est doux à mes oreilles,
Canada, mes amours, mon pays adoré !

Or, un jour de septembre où la brise d’automne
Mêlait ses fiers accents au refrain monotone
Que la vague chantait aux rivages boisés,
Trois vaisseaux inconnus, ayant d’étranges formes,
Surmontés de grands mâts et de voiles énormes,
Apparurent soudain, brillants et pavoisés.