Le Temple de Sion qui gardait l’Arche Sainte,
Et qui dans ses parvis avait vu tant de fois
Le divin condamné, ce temple dont l’enceinte
Vibrait hier encore aux accents de sa voix,
En entendant son cri chancela comme un arbre
Que l’ouragan secoue. Un invisible bras
Avec force ébranla ses colonnes de marbre,
Déchira brusquement du haut jusques en bas
Devant le Saint des Saints le mystérieux voile,
Et dans l’Arche brisa les Tables de la Loi.
Au ciel se fit la nuit, une nuit sans étoile,
Et la terre sembla défaillante d’émoi.
Jérémie, Isaïe et les autres prophètes,
Que le cri du Messie avait ressuscités,
Couverts de leurs linceuls et de leurs bandelettes,
Coururent en pleurant à travers les cités,
Sur les chemins déserts et sous les vieux portiques,
Tantôt seuls, et tantôt en groupes menaçants,
Faisant entendre aux juifs leurs plaintes prophétiques,
Et jetant dans la nuit leurs lugubres accents.
Hérode, Anne, Caïphe, et les princes des prêtres
Se blottirent tremblants au fond de leurs palais ;
L’horreur paralysa ces figures de traîtres,
Et dispersa bien loin leurs infâmes valets,
Pilate, pris comme eux d’une terreur panique,
Sur sa tête sentit se dresser ses cheveux,
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échos évangéliques