II
De lointaines rumeurs et des plaintes funèbres
S’élevaient de la terre en sanglots étouffés,
Et sur le Golgotha de profondes ténèbres
Déroulaient dans la nuit leurs plis ensanglantés ;
Sur l’horizon brumeux tout enveloppé d’ombre,
Languissant et noirci comme un cratère éteint,
Le soleil paraissait au déclin du ciel sombre,
Tout injecté de sang, s’être arrêté soudain !
On eût dit un grand œil, l’œil du Juge Suprême,
L’œil du Père, bourreau de son fils innocent,
Contemplant attristé la Victime qu’il aime,
Mesurant ses douleurs et les flots de son sang !
Sans doute, en ce moment de suprême justice,
Les anges par milliers descendus parmi nous,
Assistaient étonnés au sanglant sacrifice,
Adorant en silence et pleurant à genoux ?
Sans doute ils se groupaient autour de la Victime,
Et baisaient tendrement son corps mystérieux ?
Mais ils ne pouvaient pas dans leur amour sublime
L’arracher aux bourreaux et l’emporter aux cieux !
Il était aussi là le Père du mensonge :
Il regardait de loin le drame. Plusieurs fois,