II
Le Thabor, ce n’est pas le Sinaï terrible,
Que la nue enveloppe et sillonne d’éclairs,
Où la foudre mugit, et qui flamboie, horrible,
Comme un brasier géant s’élevant dans les airs !
Ce n’est pas la montagne où le Très-Haut révèle
Les traits de sa puissance et de sa majesté !
C’est le mont de l’amour et de la loi nouvelle
Où l’homme-Dieu fait voir sa grâce et sa beauté !
C’est l’Éden radieux, le jardin de délices,
Aux gazons verdoyants, aux bosquets enchanteurs,
Où des roses sans nombre entr’ouvent leurs calices
Et pénètrent les airs de suaves senteurs !
Humez-vous ces parfums des brises embaumées ?
Entendez-vous ces chants de mille oiseaux ravis,
Et les hymnes joyeux qui sortent des ramées ?…
Jésus lève les yeux aux célestes parvis.
Il prie… et tout à coup son visage rayonne
D’un éclat inconnu jailli du firmament ;
La céleste clarté le baigne et l’environne,
Elle pénètre tout, même son vêtement !
C’est le mystérieux effet de la prière :
Dans l’homme elle réchauffe, et console, et nourrit ;
Elle répand dans l’âme une vive lumière.