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sur le thabor

Présentant au soleil un aspect ravissant.
Il la contemple, il l’aime avec idolâtrie ;
Dans quelques jours pour elle il versera son sang !
Mais en vain tombera la semence nouvelle
Sur ce pays ingrat tant de fois profané ;
À toute vérité cette terre est rebelle,
Et ce peuple est, hélas ! à jamais condamné !
Tu n’as pas reconnu, riante Palestine,
Celui que si longtemps tes prêtres ont prédit,
Tu subiras le sort auquel il te destine :
Ton sol sera désert, abandonné, maudit !

L’esprit préoccupé de ce triste présage,
Jésus arrive enfin au sommet du Thabor.
La gaité par dégrés renaît sur son visage ;
Ses amis l’ont suivi, mais nul ne sait encor
Pourquoi le divin Maître a gravi la montagne,
A délaissé la foule, et voulu que, ce jour,
De ses autres amis aucun ne l’accompagne ;
Nul ne sait ce qu’il vient faire en ce beau séjour.
C’est qu’aux décrets divins leurs âmes sont rebelles,
Et ne comprennent pas ce secret des grandeurs :
Qu’il faut pour accomplir des œuvres vraiment belles
S’isoler de la foule et gravir les hauteurs :
Que l’on doit s’élever au sommet des collines,
Se rapprocher des cieux si l’on veut contempler
Les splendeurs de Sion et les gloires divines ;
Or c’est ce qu’au Thabor le Christ va révéler.