Car en Jésus le Dieu commande, et l’homme prie :
De sa double nature actes mystérieux.
Il prie, en ce moment solennel de sa vie,
Où la Mort entendra son cri victorieux !
Mais lorsque du sépulcre on eut ouvert la porte,
Et du cercueil levé le couvercle pesant,
Il regarda le mort, et dit d’une voix forte :
« Sortez Lazare. »
Ô Verbe ! Ô cri du Tout-Puissant !
La Mort connaît l’écho de cette voix profonde,
Ébranlant l’univers jusqu’en ses fondements !
C’est la voix qui d’un mot a pu créer le monde,
Et qui donne ses lois à tous les éléments.
C’est la voix qui du sol a fait jaillir les flammes
Pour y précipiter le Rebelle, Satan ;
C’est la voix dont l’accent transfigure les âmes
Et qui brise en éclats les cèdres du Liban !
Que l’enfer n’entend pas sans frémir d’épouvante,
Qui torture, poursuit et chasse les démons ;
Qui de la terre aux cieux s’élève triomphante
En traversant les mers et franchissant les monts.
Voix régénératrice et pleine de mystère !
Clameur toute-puissante ! Elle n’a dit qu’un mot,
Mais ce mot souverain fait tressaillir la terre,
Et la Mort subjuguée obéit aussitôt !
À la vie, à l’amour elle rend sa victime.
Et pour s’unir au corps dont elle est le flambeau
L’âme docile accourt de l’invisible abîme ;
Et Lazare vivant se lève du tombeau !
Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/50
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
échos évangéliques