Emportant le Sauveur sur ses ailes de feu,
Dans l’horizon d’azur marquant sa rouge trace,
Et semant par ses cris la frayeur en tout lieu.
Longtemps son vol hardi plana sur la campagne
Effleurant en passant les dômes des cités ;
Enfin il atteignit une haute montagne
Et vint y déposer Jésus à ses côtés :
« Voyez, dit-il encor, ces royaumes immenses
Déroulant à nos pieds leurs brillantes splendeurs
Ces trônes, ces palais et ces magnificences,
Qui donnent aux humains la gloire et les grandeurs !
Ces trésors sont à moi ; Jésus, je vous les donne ;
La pourpre, la richesse et les palais dorés,
Je vous fais don de tout si devant ma personne
Vous pliez les genoux, et si vous m’adorez. »
À ces mots impudents d’un orgueil téméraire,
Jésus se redressa de toute sa hauteur,
Et l’œil illuminé d’une sainte colère,
Foudroya d’un regard le hardi tentateur :
« Retire-toi, dit-il, ô père du mensonge,
Tu sais qu’il est écrit de n’adorer que Dieu.
Retire-toi, Satan, et que ton vol te plonge
Aux sombres profondeurs des abîmes de feu. »
La terre à ces accents, s’ébranla sur sa base,
Et Satan vit s’ouvrir l’abîme sous ses pas.
Du ciel qui contemplait la lutte dans l’extase
Les anges empressés descendaient ici-bas ;
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la tentation