Emportait sur son aile un homme dans les cieux.
Le monstre était lugubre, épouvantable, horrible,
Et ses ailes rendaient un bruit sec et strident ;
Mais l’homme étincelait, et comme un météore,
Traçait au fond du ciel un sillon éclatant.
Son vol se dirigeait du côté de l’aurore,
Et paraissait venir des sables du désert.
Longtemps on entendit ses longs battements d’ailes
Qui jetaient à la brise un infernal concert.
Au loin apparaissaient, comme des citadelles,
Les immenses palais bâtis par Salomon :
C’est là que dirigeant son vol diabolique
Le monstre alla s’abattre au milieu de Sion.
Sur la plus haute tour du temple magnifique,
Qui gardait du grand roi la mémoire et le nom,
Il vint poser son vol ! Et le fidèle archange,
Préposé par le ciel au soin de ce saint lieu,
Entendit étonné ce dialogue étrange :
Satan — car c’était lui — disait au Fils de Dieu :
« Si vous êtes le Christ, tant promis à la terre,
Vous pouvez vous laisser choir au bas de ces tours
Votre pied ne saurait se heurter à la pierre,
Aux anges Dieu prescrit de vous garder toujours. »
Mais Jésus : « Ma réponse est écrite au Saint Livre
Tu ne tenteras point ton Dieu, dit le Seigneur ! »
Et Satan chancela, comme fait un homme ivre ;
Puis, poussant un grand cri de sinistre fureur,
Il reprit tout à coup sa course dans l’espace
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