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LA NUIT
La nuit sur l’horizon étend ses grandes ailes.
Mais, grâce à Dieu, la nuit n’a pas d’ombres, ce soir.
La lumière rayonne aux voûtes éternelles,
Et sur un pan du ciel, comme un grand ostensoir,
La lune monte, monte, et de clartés inonde
Les montagnes, la mer, les vallons et les bois.
La nature se tait : on dirait que le monde
Pour mieux voir ce tableau retient sa grande voix.
Au firmament d’azur, d’innombrables étoiles
Etincellent partout comme des diamants,
Pendant qu’à l’Occident, pliant ses sombres voiles,
Un lourd nuage fuit leurs rayons éclatants.
De célestes lueurs, scintillante, embrasée,
La mer, en se calmant, semble se réjouir.
Le rivage s’endort, et la vague appaisée
Ose à peine se plaindre en y venant mourir.