Le saint Livre nous dit que les enfants des hommes
Au pays de Sennar s’assemblèrent un jour,
Et qu’avant de fonder leurs différents royaumes,
Ils se dirent entre eux : « bâtissons une tour ;
Élevons jusqu’au ciel un monument immense,
Qui puisse rendre un jour notre nom immortel. »
Mais Dieu, qui les voyait, confondit leur démence ;
Et leur folie insigne édifia Babel !
Les enfants de Sainte-Anne, animés d’autres flammes,
Ont voulu satisfaire un plus noble besoin ;
Un sentiment plus pur a vibré dans leurs âmes,
Et de l’éterniser leur œuvre aura le soin !
« Altius tendimus ! a dit leur voix sonore,
Nos esprits ont besoin d’un plus vaste horizon ;
De Sainte-Anne en nos cœurs la voix résonne encore ;
Reconnaissance ! amour ! voilà notre blazon !
Gravons-le sur ces murs où vécut notre enfance,
Comme Dieu sur la pierre a su graver sa loi ;
Et, tout en exprimant notre reconnaissance,
À la face du monde affirmons notre foi !
Embellissons enfin d’un nouveau sanctuaire
Ces lieux que nous aimons comme le toit natal,
Et qu’à ce dévouement pour notre bonne mère,
Un autel rajeuni serve de piédestal ! »
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échos domestiques