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noces d’or


Pendant un demi-siècle ils ont prêché la gloire
Du Père dont ils sont les fils toujours soumis ;
Pendant un demi-siècle ils ont dit sa victoire
Sur le monde et l’enfer, ses deux grands ennemis.
Rien n’a jamais lassé leur zèle infatigable,
Et Dieu seul sait combien ils ont séché de pleurs
Dans ce monde déchu que le malheur accable !
Ils savaient le remède aux humaines douleurs,
Et sur l’âme souffrante ils répandaient le baume
Que la prière apporte à nos cœurs désolés !
Ils savaient le chemin du céleste royaume,
Et leurs mains le montraient sans cesse aux exilés !
Ils voyaient les erreurs de ce siècle en démence,
Sa doctrine perverse et ses illusions,
Et sur tous les sentiers ils jetaient la semence
Des principes sacrés sans lesquels nous mourrons !

Soulager l’infortune, instruire l’ignorance,
Lutter contre l’enfer en bons soldats du Christ ;
Dans l’âme du pécheur ranimer l’espérance
Et jeter la lumière au fond de son esprit ;
Tantôt se revêtant de l’armure terrible
Et lançant l’anathème aux suppôts de l’erreur ;
Tantôt se dépouillant de ce glaive invincible,
Et prenant la houlette et la voix du Pasteur
Qui ramène au bercail les brebis égarées :
Voilà quel fut toujours leur fructueux labeur !

Et voici maintenant, qu’après cinquante années
Ils ont renouvelé les noces de l’Agneau,