Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

UNE FLEUR DU CIEL


À Lady Langevin


C’était l’hiver. Au loin, la neige amoncelée
Enveloppait nos champs, dormant leur lourd sommeil.
La nature, flétrie, inerte, désolée,
Souffrait, comme une veuve en deuil de son soleil !
La sève était sans vie en la forêt muette,
L’arbre sans une feuille, et les oiseaux sans voix.
Dans les jardins glacés pas une fleur discrète,
Pas un ruisseau riant et chantant sous les bois.
Quand le soleil lointain refuse ainsi ses flammes,
Pour nous, tout semble mort. Mais la terre pour Dieu,
Est toujours un jardin où fleurissent les âmes,
Que le divin amour réchauffe de son feu.