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stella maris

L’époux tenant sa femme, et la mère sa fille !
Trinité de vivants, mais unité d’amour,
Grappe humaine admirable, idéal de famille,
Tel que Dieu le voulut créer au premier jour !
Et Marie abaissa des yeux pleins de tendresse
Sur ses trois serviteurs, encore évanouis ;
Elle fit à l’enfant une douce caresse,
Et, relevant enfin ses regards éblouis,
Elle reprit son vol vers la sphère immortelle.

Le lendemain matin, l’enfant, à son réveil,
Accourut vers son père : « Et La Mauve » ? dit-elle.
« Elle dort sous les flots de son dernier sommeil, »
Dit Kervilo songeur ; mais oublions la morte,
Elle avait fait son temps et gagné son repos.
J’en veux bâtir une autre, et plus grande et plus forte,
Et plus agile aussi pour courir sur les flots.
Je la vois déjà faite ; elle est déjà chérie,
Et toi-même bientôt, enfant, tu l’aimeras,
Car je lui donnerai le beau nom de Marie !
— Et le père étreignit sa fille dans ses bras.


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