Comme un sable mouvant lorsque le simoun Et passe ;
Et La Mauve glissait dans des gouffres ouverts,
Où l’on ne voyait plus ses grandes voiles blanches.
Les vagues se tordant poussaient un cri vengeur,
Ou bien elles croulaient comme des avalanches,
Menaçant d’engloutir la barque du pêcheur ;
Mais La Mauve filait, agile, ruisselante,
Et poursuivait sa course à travers les brisants
Qui formaient autour d’elle une meute hurlante.
V
Les rivages déjà s’approchaient souriants ;
L’Ile-des-Sept-Sommeils et le haut promontoire
Allaient en peu de temps être enfin dépassés.
La Mauve allait encor remporter la victoire,
Et, vivante, revoir la Baie-des-Trépassés.
Soudain, un coup de mer d’une force terrible
Vint l’assaillir en flanc, et par l’étrave entra ;
La barque fit entendre un craquement horrible,
Se coucha brusquement dans la mer, et sombra.
Anges qui voltigez par delà les étoiles,
Vous dont l’amour soutient les élans généreux,
Et dont les yeux perçants voient l’univers sans voiles,