C’est la mort, parcourant des solitudes mornes
En aveugle invincible, et frappant dans la nuit !
Mais, ce jour-là, la mer était vraiment splendide.
La Mauve, avec un air joyeux et triomphant,
Coquette, s’y mirait ; et, sur son sein candide,
L’onde la dorlottait, comme on fait un enfant.
On eût dit que la vague avait fait sa toilette :
Sa robe déployée en longs plis onduleux
Miroitait, tantôt rose et tantôt violette,
Ou bien laissait flotter d’immenses rubans bleus.
La paix et l’espérance animaient toutes choses,
Et la barque portait la joie et l’amour pur.
Avec ses grands yeux bleus, avec ses lèvres roses,
Ses blonds cheveux tombant sur sa robe d’azur,
Souriante à l’avant de la barque fidèle,
On eût dit que Marie était l’Ange des mers,
Tout prêt à s’envoler vers les cieux d’un coup d’aile,
Après une visite à ses gouffres amers.
La bonne Jeanne, heureuse, avait l’âme ravie,
Et Kervilo chantait sa plus belle chanson.
« Rendons grâces à Dieu d’embellir notre vie, »
Se disaient ces deux cœurs battant à l’unisson,
Et leurs yeux contemplaient leur enfant bien-aimée.
Enfin, voici l’endroit où le poisson se plaît,
Les lieux où se rassemble une troupe affamée
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échos domestiques