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la poétique

même d’une piété qui édifient, mais encore d’un talent véritablement hors ligne.

Cependant, il nous semble qu’il a eu tort de ne vouloir considérer que l’homme en Jésus, et tout en respectant ses scrupules, nous avons cru devoir suivre une voie toute différente.

Personne, dans notre siècle, ne met en doute l’humanité de Jésus-Christ. C’est à sa divinité que l’on ne veut pas croire, et c’est elle en conséquence que le poète chrétien doit surtout montrer.

Nos faibles chants ne sont donc pas une imitation de M. de Laprade ; ce n’est pas le Fils de l’homme mais le Fils de Dieu que nous avons chanté.

C’est pourquoi nous avons choisi parmi les scènes évangéliques celles où le Dieu se révèle plus visiblement. Mais il nous a manqué le talent de l’illustre académicien pour glorifier le Christ du Thabor, comme il a célébré celui du mont des Olives.

Après avoir chanté Dieu dans la personne de son Verbe, nous avons essayé de le chanter aussi dans ses œuvres. Car, nous l’avons dit, les sources de l’inspiration sont multiples, et soit qu’elle chante les exploits des héros, ou l’établissement des empires, soit qu’elle décrive les spectacles de la nature, soit qu’elle raconte les actes les plus ordinaires de la vie de l’homme, la poésie ne cesse pas d’être chrétienne tant qu’elle ne