Son cœur est toujours ferme, et son âme inflexible ;
Mais ses membres, raidis par le froid de la nuit,
Refusent de servir son courage invincible,
Et, malgré lui, sa marche, hélas ! se ralentit.
À travers ses haillons un vent glacé pénètre ;
De fatigue et de faim son corps est épuisé ;
Un sommeil accablant s’empare de son être,
Et sur un banc de neige il est tombé brisé.
Entrevoyant alors la fin de sa carrière,
Il creusa dans la neige un lit pour son sommeil :
Au ciel il adressa sa dernière prière,
Et calme, il attendit l’heure de son réveil.
À genoux, et les bras en croix sur sa poitrine,
Il regarda le ciel et s’écria « Jésus » !
Il venait d’entrevoir la demeure divine
Et s’endormit en paix du sommeil des élus.
Le vent pleurait toujours comme un glas funéraire
La neige sur les champs roulait ses tourbillons ;
Les forêts se plaignaient et tordaient leur crinière,
Et la lune mourante éteignait ses rayons.
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échos patriotiques