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échos patriotiques


Il allait au hasard, et, comme une avalanche,
La neige autour de lui croulait du firmament,
Et semblait un réseau tissu de laine blanche,
Pour servir de linceul au voyageur errant.

Pas une étoile d’or au front de la nuit sombre,
Pas une trace humaine indiquant le chemin ;
Sur le désert glacé tout s’effaçait dans l’ombre :
Où s’en allait-il donc le pauvre pèlerin ? —

Il allait où s’en vont ceux que le Christ rallie,
Et qui du Golgotha gravissent le sentier ;
Où s’en allaient jadis ses maîtres dans la vie,
L’illustre St Ignace et St François-Xavier !

Il allait dans la nuit répandre la lumière,
Et, dans les cœurs glacés, jeter le feu sacré ;
Aux souffrants il allait enseigner la prière,
Cet élixir de l’âme et du cœur ulcéré.

Ô vous qui parcourez une route fleurie,
Le sourire à la bouche et l’allégresse au cœur ;
Vous qui croyez atteindre à la sainte Patrie,
Sans effleurer jamais la coupe de douleur ;