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la poétique

vision nouvelle, et toujours cette rencontre inattendue — peut-être importune — lui a valu quelque noble inspiration.

Leconte de l’Isle, cet adorateur du paganisme antique et moderne et qui travaille encore à glorifier Jupiter et Vénus, a trouvé des accents magnifiques pour chanter la passion du Sauveur.

Les plus beaux vers peut-être que la muse d’Alfred de Musset ait jamais fait entendre au milieu des ténèbres morales où se débattait cette âme d’élite, ce sont ceux qu’elle a consacrés à rappeler l’âge d’or du Christianisme et la gloire du Christ qu’il regrettait de voir mourir.

Je pourrais vous citer encore Théophile Gautier, dont quelques vers ont peint le Christ en croix avec des couleurs comparables à celles des grands peintres flamands, et un grand nombre d’autres qui ont mis à contribution leurs talents poétiques pour effeuiller au moins quelques roses aux pieds du Christ vivant, ou sur son tombeau.

Eh ! bien, lecteurs, moi aussi, j’ai voulu des bords du Saint-Laurent pousser en l’honneur de Jésus, Fils du Dieu vivant, le cri de triomphe que tous les siècles ont entendu : “ Hosanna au Fils de David ! ”

Une seule objection m’a causé quelques moments d’hésitation, et des rigoristes excessifs la formulent