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la découverte du mississipi


Mais comme il fut saisi d’une horrible souffrance
Quand il vit les pays qu’il avait découverts,
Tristement arrachés au sceptre de la France
Moins d’un siècle plus tard accablé de revers !

Quand il vit son drapeau trahi par la victoire,
Aux bords du Saint-Laurent marchant sur des tombeaux ;
Puis, déchiré, noirci, mais rayonnant de gloire,
Repassant l’Atlantique en glorieux lambeaux !

Mais plus tard… Ô bonheur ! les races étrangères
Déposaient à nos pieds la morgue du vainqueur ;
Et, joignant nos destins, nous devenions tous frères,
Marchant vers l’avenir avec un même cœur.

Puis, ses yeux étonnés virent sur les rivages
Du fleuve qu’il avait découvert pour son Dieu,
De splendides cités et de riches villages,
Et des peuples sans nombre affluant dans ce lieu.

Et partout le progrès, ouvrant ses grandes ailes,
Couvant et fécondant la plaine et les déserts,
Défrichait et peuplait ces régions si belles,
Et les villes lançaient leurs dômes dans les airs.