Un nuage roulait sur le fond du ciel morne,
Comme un drap mortuaire au-dessus du martyr ;
La nature muette et le désert sans borne
Assistaient éplorés à son dernier soupir.
Bientôt allait sonner l’heure de l’agonie.
Un vent doux et léger sur sa tête passait ;
La nature était belle et pleine d’harmonie :
Devant la mort du juste elle s’attendrissait.
Diamants merveilleux de l’écharpe éternelle.
Astres qui vous bercez dans des mers de saphir,
Si vous avez une âme, elle n’est pas plus belle
Que l’âme de nos saints à leur dernier soupir !
L’apôtre conserva le sourire des anges,
En regardant la porte éternelle s’ouvrir ;
Et ses yeux éblouis de visions étranges
Virent se dérouler les siècles à venir.
Il vit pendant longtemps notre belle patrie
Prospérer et grandir à l’ombre des autels,
Et pour la protéger notre race aguerrie
Se couvrir aux combats de lauriers immortels.
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échos patriotiques