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la découverte du mississipi


Mourir ! Il n’est pourtant qu’au début de la vie :
C’est à peine, en effet, s’il a trente-sept ans !
Mais ne le plaignons pas : il est digne d’envie,
Devant lui le ciel ouvre un éternel printemps.

N’écoutant que son cœur il veut marcher encore,
Mais ses forces enfin l’ont trahi, vers le soir.
Hélas ! il sent grandir le mal qui le dévore,
Et sur le bord du lac il est allé s’asseoir.

Les oiseaux dans les bois entonnaient leurs ramages ;
Le soleil descendait triste sous l’horizon,
Qui refermait sur lui ses portes de nuages,
Comme sur un monarque une obscure prison.

C’était un soir de mai : la lune, faible et pâle,
Ne se promenait plus dans le ciel azuré.
Elle s’était cachée ; et le flot, comme un râle,
Expirait doucement sur le sable doré.

Le grand lac ondulait, et ses vagues plus sombres
Roulaient sur ses pieds nus leurs plis harmonieux ;
Elles se succédaient et formaient dans les ombres
Un cortège bruyant, triste et mystérieux.