Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

123
la découverte du mississipi


Le fleuve se taisait. Le soleil plus ardent
De ses gerbes de feux inondait la savane,
Et jusqu’au fond des bois il avait déjà lui ;
Les nuages flottants sur le ciel diaphane
Entrouvraient leurs rideaux de pourpre devant lui.
Dans la plaine passaient des brises parfumées,
Et les foins balancés au souffle matinal
Gazouillaient doucement comme un chant des almées.
Le grand cèdre, dressant son cône vertical,
Élevait dans les cieux sa tête solennelle,
Et de loin paraissait comme une sentinelle
Montant la garde au bord du grand fleuve endormi.

À distance flottaient des îles verdoyantes
Que la lune berçait et couvrait à demi,
Et qui, dans la lumière, apparaissaient brillantes,
Comme dans un collier des perles chatoyantes,
Ou comme en un jardin des corbeilles de fleurs.
Quelques bosquets épars étalaient leur verdure,
Les oiseaux déployaient leurs plus riches couleurs ;
Au concert matinal ils mêlaient leur voix pure :
La nature chantait l’hymne à son Créateur.

Et les héros chrétiens, inondés d’allégresse,
Baisant avec transport le rivage enchanteur,
Célébrèrent de Dieu l’éternelle jeunesse !
Tous deux agenouillés, ils plantèrent la croix,
Rendant grâce au Seigneur d’avoir sauvé leur vie ;
Et, levant leurs regards vers la sainte Patrie,
Ils prièrent longtemps, disant : credo, je crois !