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échos patriotiques

Sillonner les grands lacs et les marais fangeux,
Au milieu de périls et d’obstacles sans nombre ?
Quel homme de génie allait enfin surgir,
Et franchir l’inconnu, cette muraille d’ombre
Qui toujours du passé sépare l’avenir ?

— Ah ! cette gloire était réservée à la France,
Qui, dans cet âge d’or, accaparait l’honneur
De porter aux pays vivant dans l’ignorance,
La science de Dieu, la paix et le bonheur.

Un jour que le soleil, dans sa gloire sereine
Se levait radieux, le vieux Meschacébé
Se sentit tressaillir d’émotion soudaine :
Un canot sillonnait son dos large et courbé,
Monté par des marins inconnus sur sa plage.
D’un costume bizarre ils étaient revêtus,
Leur visage était pâle, étrange leur langage ;
Mais sur leurs fronts brillaient la gloire et les vertus.

Ces deux héros étaient Jolliet et Marquette,
Qui découvraient enfin le vieux Père-des-Eaux
Étendu mollement au milieu des roseaux.
Au nom de leur patrie ils faisaient sa conquête,
Et l’assujettissaient au sceptre de leur roi ;
Mais pour en faire hommage à l’Église Romaine,
Ils plantaient sur les bords l’étendard de la Foi,
Aux apôtres futurs ouvrant ce beau domaine
Qui s’étendait au loin sous le ciel d’Occident.