Plus loin, vers le couchant, un autre fleuve immense,
Tranquille dans sa force, et plein de majesté,
À travers les déserts serpentait en silence,
Répandant la richesse et la fécondité.
Dans l’occident lointain il avait pris sa source,
Et, comme entrevoyant la longueur du chemin,
Ou tel qu’un voyageur fatigué de sa course,
Il marchait à pas lents, sûr de son lendemain.
Il semblait se soustraire aux regards des profanes,
Ne cherchait pas le bruit ni les grands horizons,
Mais faisait cent détours au milieu des savanes,
Comme un serpent qui glisse à travers les gazons.
Il était large et beau, mais dans son attitude
Il avait je ne sais quoi de trop nonchalant ;
Trop ami du repos et de la solitude,
On eût pu l’appeler le monarque indolent.
Il promenait son faste au milieu de ses terres,
Etalant sa richesse, élargissant ses bords,
Recevant ses nombreux et riches tributaires,
Qui venaient dans son sein répandre leurs trésors
Et de son beau royaume agrandir la puissance.
Or, l’Europe d’alors — avant l’an mil sept cents —
De ce fleuve superbe ignorait l’existence ;
Et les peuples indiens étaient les seuls passants
Dont il voyait alors errer les caravanes.
Qui donc allait enfin être assez courageux
Pour percer les forêts, traverser les savanes,
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la découverte du mississipi