Devant eux s’étendaient des solitudes mornes,
Des fleuves déployant leurs sauvages grandeurs,
De grands lacs, mugissant comme des mers sans bornes,
Des forêts prolongeant leurs sombres profondeurs.
Tout était riche et grand dans ces mondes sauvages :
Le soleil les couvait de ses rayons dorés,
Et fécondant le sol de leurs vierges rivages
Leur avait prodigué des trésors ignorés.
Le désert verdoyant et l’immense prairie
Ondulaient sous la brise ainsi que des moissons ;
La montagne boisée et la plaine fleurie
Souriaient au soleil et mêlaient leurs chansons.
Des sables d’or roulaient sur le lit des rivières ;
Au milieu des rochers brillaient les diamants ;
Les marbres attendaient, au fond de leurs carrières,
Que l’art les transformât en riches monuments.
Quels pays enchantés ! Quelle grande nature !
Au nord, le Saint-Laurent, un fleuve sans égal,
Enlaçait avec grâce, ainsi qu’une ceinture,
Notre vaste pays de ses flots de cristal ;
Tantôt, majestueux comme un lion d’Afrique,
Promenant son pas lent au milieu des déserts,
Et tantôt ressemblant à la furie antique,’
Lançant en mugissant ses vagues dans les airs ;
Dans ses bonds furieux ébranlant les collines
Et roulant sur ses bords des quartiers de rochers,
Ou creusant dans son lit de profondes ravines,
Dont le gouffre grondant effrayait les nochers.
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échos patriotiques