en même temps que la colère d’Achille, ou l’adresse d’Ulysse ! Qu’un Virgile chante le fils de Priam et la fondation de Rome ! Il n’y a là rien que de naturel. Mais nous, chrétiens, chantons Celui qui nous a donné son nom ; chantons le Christ et ses conquêtes immortelles !
Le Christ ! c’est notre Chef, notre Roi, l’invincible Capitaine de nos armées ! C’est le fondateur de cette éternelle cité de Dieu sur terre à laquelle nous appartenons, et qui s’appelle l’Église ! C’est notre joie, notre orgueil, notre gloire ! Qu’il soit aussi votre idéal, ô poètes chrétiens !
Sans doute un semblable idéal est trop élevé, et vous ne pourrez jamais le célébrer dignement. Mais il vous élèvera si vous dirigez vers lui vos aspirations ; car il exerce sur le génie une attraction puissante.
Il est depuis des siècles la tentation des artistes et des poètes. Il a désespéré les peintres qui n’ont jamais pu fixer au gré de leurs désirs ses traits incomparables. Il a désespéré les poètes qui, après avoir senti la lyre frémir sous leurs doigts dans la contemplation de ce mystique idéal, ont eu la tentation de détruire à la fois leurs lyres et leurs poèmes, tant ils trouvaient leurs œuvres inférieures à la vision qu’ils avaient entrevue !
Dante, Milton, Klopstock, Chateaubriand, et plus récemment Victor de Laprade, ont éprouvé cet en-